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Une série sur les superhéros glorifie les personnes souffrant de handicap

dans Culture & Sports/Entre les Lignes/Rapport mensuel

Que se passerait-il si tous les superhéros ‘classiques’ disparaissaient et qu’Israël devait impérativement être sauvé ? Il faudrait appeler du renfort. Or, ce renfort se présente sous la forme de personnages à la fois sombres, drôles et spéciaux, du moins c’est là la trame de Giborim (Héros en français) – Limited Edition, une minisérie en cinq épisodes diffusée sur le web qui raconte l’histoire d’un groupe de personnes avec divers handicaps ou – pour reprendre la terminologie adoptée par la série – avec différents superpouvoirs.

Cette intelligente comédie dont le visionnage des cinq épisodes prend moins d’une heure représente tout le spectre de l’humanité d’une manière totalement inédite. La série a été écrite par Adam Hirsch et Elior Eliyahu Amsalem, comédiens israéliens et amis de toujours, qui espèrent changer le regard de la société tant en Israël que dans les autres pays sur le handicap et mettre fin à sa stigmatisation.

La série Giborim montre des héros très spéciaux (photo : Or Danon)
La série Giborim montre des héros très spéciaux (photo : Or Danon)

L’idée de la série dont Adam Hirsch et Elior Eliyahu Amsalem sont aussi les acteurs principaux leur est venue pendant leur seconde année au Yoram Loewenstein Performing Arts Studio où ils travaillaient avec des personnes handicapées. Elior Eliyahu Amsalem a déclaré lors d’une interview « que son ami et lui ont compris qu’il est nécessaire d’aborder la question du handicap avec humour et pas seulement avec commisération, afin de modifier le ressenti des valides ». En tant que futurs acteurs, les deux amis savaient parfaitement combien il est difficile d’obtenir des rôles et ils se sont demandé si les personnes souffrant de handicap ont la moindre chance de jamais se voir à l’écran et si eux pouvaient créer des personnages se frottant à ce sujet tabou avec humour et inspiration.

Adam Hirsch et Elior Eliyahu Amsalem se sont tournés avec leur idée de minisérie vers le Centre Shalva, l’association israélienne de prise en charge et d’intégration des personnes atteintes d’un handicap et la Fondation Ruderman, un acteur majeur dans l’intégration et l’accessibilité des handicapés a décidé d’investir dans la série, permettant ainsi à Giborim de voir le jour. Les coauteurs étaient conscients du fait que le processus de création devait être différent et il leur a fallu près d’un an pour venir à bout de la préproduction. Après avoir auditionné une cinquantaine de personnes dont beaucoup patronnées par Shalva, ils ont choisi les six principaux « superhéros » en fonction desquels ils ont construit le scénario. Le décor a été conçu de façon à être accessible à toutes les formes de handicap et pour répondre à tous les besoins des acteurs, étant précisé que la plupart des personnes handicapées ne sont pas habituées à rester entre 12 et 16 heures par jour sur un plateau.

Montrer des personnes rarement vues à l’écran – c’est ce que veut la série Giborim (photo : Or Danon)
Montrer des personnes rarement vues à l’écran – c’est ce que veut la série Giborim (photo : Or Danon)

Pendant les six jours de tournage sous la direction de Léor Belgazal, on a pu voir (dixit Adam Hirsch) que la mayonnaise prenait parfaitement et que la magie de la série prenait corps. « Une chose merveilleuse s’est produite. Pendant le tournage, il arrivait qu’il y ait du monde dans la rue dont des enfants. Les petits interrogeaient nos superhéros sur leur handicap. Ils demandaient, par exemple :  pourquoi tu parles comme ça ? Pourquoi tu bouges comme ça ? Avant même la diffusion de la série, la conversation espérée avec les valides a commencé ».

La série a été diffusée cet été et des milliers de personnes l’ont déjà vue sur la médiathèque israélienne Mako et sur YouTube. Adam Hirsch et Elior Eliyahu Amsalem ont parlé avec une grande émotion du chemin parcouru et de l’enseignement qu’ils ont tiré et continuent à tirer de ce projet. « J’ai appris que chaque personne mérite d’avoir sa chance. Et c’est une chance de pouvoir voir des gens qui sont normalement invisibles. J’ai aussi appris qu’on peut amuser le public tout en lui transmettant un important message. Il est possible de réaliser un projet en y mettant tout son cœur, de remplir une importante mission et, en même temps, de proposer un bon divertissement. L’un n’exclut pas l’autre » a déclaré Elior Eliyahu Amsalem.

« Nous sommes fiers d’avoir créé un précédent avec cette série, tant en Israël qu’au-delà des frontières. Nous espérons que d’autres cinéastes vont franchir le pas et réaliser des séries de ce type » a expliqué Jay Ruderman, Président de la Ruderman Family Foundation.

Pour voir la série, cliquer sur : https://www.youtube.com/watch?v=CvCQAuzqFj4(en hébreu avec sous-titres en anglais)

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