C’est maintenant officiel : il y aura de nouvelles élections en Israël en avril prochain. Une fois de plus, la session parlementaire n’est pas allée à son terme (les élections auraient normalement dû avoir lieu en septembre), symbolisant un paradoxe de la politique israélienne avec, d’un côté, le même Premier ministre depuis dix ans et, d’un autre côté, une kyrielle incessante de nouveaux partis qui n’arrivent pas à s’imposer. De nombreux politiciens et partis israéliens n’ont pas le souffle nécessaire pour courir le marathon qu’est la politique. Et de leur côté, de nombreux électeurs n’ont pas non plus la patience de laisser aux partis le temps de bien s’implanter et d’agir vraiment en faveur du changement. Ils se tournent systématiquement vers les partis établis, choisissant le moindre mal, car Bibi, comme les Israéliens appellent Netanyahou, n’a pas que des adeptes au sein de la population israélienne.
L’autre Benyamin (Benny Gantz), aurait pu offrir une alternative à Bibi. Impossible en effet de prétendre que cet ancien commandant en chef de l’armée israélienne ne sait pas comment défendre le pays (reproche qui sape les chances de succès d’un politicien, souvent formulé à l’encontre du principal concurrent de Bibi : Yaïr Lapid). Toutefois, Gantz ne pouvant apparemment s’identifier à l’idéologie d’aucun parti existant ou accepter les différentes idéologies en place, il a créé un nouveau parti „Resilience Party“ qui ne volera probablement que quelques voix au Likud (le parti de Bibi) et minimisera le succès de „Yesh Atid“ (le parti de Yaïr Lapid qui signifie à peu près „Il y a un avenir“) ou des „Nouvelles droites“ (également un nouveau parti créé par Naftali Bennett et Ayelet Shaked, membres de la coalition gouvernementale actuelle). Les „Nouvelles droites“ doit réunir les courant laïcs et religieux et ainsi détrôner le roi Bibi (comme on l’appelle en Israël). On peut douter du succès de l’entreprise.
L’éclosion continue de nouveaux partis semble amuser l’actuel Premier ministre. Les désaccords entre les autres politiciens sont trop profonds et leurs nouveaux partis sont trop récents pour que les électeurs sachent vraiment quels sont leurs objectifs si bien qu’en fin de compte il est tout à fait vraisemblable que la majorité des votants choisisse une fois de plus un parti traditionnel.
On peut avancer que les partis traditionnels ne sont pas la plus mauvaise des options. La situation est relativement bonne en Israël. Les crises économiques sont assez bien maîtrisées. Même s’il prend des formes de plus en plus féroces, l’islamisme est plus ou moins endigué. Mais c’est faire peu de cas de la pauvreté chez les enfants et les personnes âgées. C’est passer sous silence que les classes moyennes inférieures ne se sentent plus représentées depuis longtemps et que le coût de la vie a atteint des sommets, notamment eu égard à la stagnation des revenus. Et c’est également ignorer que les soupçons de corruption contre la famille Netanyahou se sont vérifiés à un point qu’il paraît ahurissant que le Premier ministre arrive encore à les balayer d’un revers de main.
L’avenir dira si Benny Gantz, Yaïr Lapid, Naftali Bennett et Ayelet Shaked, voire l‘actuel ministre des Finances Moshe Ka’hlon (qui a également fondé son propre parti avant d’être nommé ministre) sont des concurrents sérieux pour Bibi. Toutefois, le fait que ces cinq personnalités représentent quatre partis différents n’est pas un signe annonciateur de changement.