Le Centre Interculturel de Jérusalem (JICC) sur le Mont Sion souhaite améliorer la vie de tous les habitants de la capitale d’Israël. Qu’il s’agisse de juifs éthiopiens ou ultraorthodoxes, d’homosexuels ou de Palestiniens, tous doivent être encouragés à entamer un dialogue productif. En voulant non seulement promouvoir la coexistence mais aussi trouver des solutions aux multiples conflits qui surgissent périodiquement, le Centre s’est fixé une tâche difficile dans une ville qui semble aussi difficile à gérer que toute une nation.
Texte de Katharina Höftmann
Le bastion de la neutralité de Jérusalem est situé, comment pourrait-il en être autrement, sur une montagne. Derrière la villa patricienne récemment rénovée avec goût se trouve un jardin enchanté d’herbes aromatiques. Une coulisse insolite par son romantisme pour un Centre Interculturel qui lutte, jour après jour, pour résoudre les multiples conflits qu’affronte la ville. Et pourtant, impossible d’imaginer un lieu plus approprié pour le „Jerusalem Intercultural Center (JICC)“ : au centre du Mont Sion, entre églises et couvents et à quelques centaines de mètres à vol d’oiseau du lieu sacré des Juifs, le mur des Lamentations. Le Centre surplombe également le quartier de Silwan, qui, avec ses 70 000 Palestiniens, est pratiquement une ville en soi. Au milieu de la poudrière que semble être la ville si on en croit les journaux et leurs gros titres, un groupe de personnes engagées essaie de faire de Jérusalem une ville meilleure. Sous la houlette de son directeur, le Dr Hagai Agmon-Snir, le JICC veut amener Jérusalem à une véritable compétence interculturelle où les multiples identités ne se résignent pas seulement à cohabiter mais qui, un jour peut-être, consentiront à dialoguer.
„Nous ne sommes pas là pour combattre l’establishment“
De multiples projets doivent transformer ce rêve en réalité. Le plus connu est le training interculturel du personnel médical. Etant donné que la plupart des médecins israéliens ne parlent pas l’arabe, même si les habitants de Jérusalem Est bénéficient des mêmes soins que les autres citoyens israéliens, ils ne comprennent pas grand-chose à leur traitement. „Notre programme ‚Compétence culturelle dans le secteur de la santé’ rencontre un tel succès qu’il va être adapté dans tout le pays par le ministère de la Santé“ nous explique fièrement le directeur du centre, Hagai Agmon-Snir. Ce qui peut sembler simple de prime abord est en fait parfois très difficile. „La situation est extrêmement complexe. Pour la municipalité, Jérusalem n’est pas une ville divisée, mais la population palestinienne considère qu’elle vit sous occupation. Elle ne reconnaît pas la municipalité israélienne et en conséquence cette dernière ne souhaite pas forcément coopérer avec cette population. Nous sommes des médiateurs et tentons de trouver des options pour rapprocher ces deux groupes, sans que cela prenne un caractère officiel et sans aborder les aspects politiques. Nous ne sommes pas là pour combattre l’establishment“ nous explique Agmon-Snir.
Notre principal propos est de gagner la confiance des différents groupes de population. „Ma tâche consiste à permettre aux communes arabes de Jérusalem Est d’assumer davantage de responsabilités face aux problèmes quotidiens. Je leur explique systématiquement que je ne viens pas pour les diriger mais qu’au contraire je suis là comme simple intermédiaire“ nous déclare Ezadeen Alsaad, responsable des projets pour Jérusalem Est. Parfois, il s’agit de choses banales, comme l’enlèvement des ordures ménagères, rendu compliqué par l’étroitesse des rues de Silwan qui empêche les camions de passer, de sorte qu’il faut trouver d’autres solutions. Entre temps, les parties concernées se sont mises d’accord pour que des poubelles supplémentaires soient placées à des endroits accessibles et pour augmenter la fréquence du ramassage.
Le JICC a également dû jouer les médiateurs pour le défilé annuel de la gay pride
Le JICC n’agit pas seulement comme intermédiaire entre la population juive et la population arabe. Depuis le début, il joue également un rôle important dans l’organisation de la gay pride qui déclenche régulièrement des concerts de protestation, notamment chez les ultraorthodoxes, très nombreux à Jérusalem. Le JICC est parvenu à amener à la table des négociations ces deux groupes, aux antipodes l’un de l’autre. „Les orthodoxes avaient vraiment peur de cette rencontre, certains redoutaient même que les homosexuels ne se dévétissent devant eux. Et les homosexuels n’étaient pas rassurés non plus. Chaque groupe craignait et désapprouvait l’autre. Mais nous avions un avantage certain : les conflits entre la communauté homosexuelle de Jérusalem et celle de Tel-Aviv sont plus importants que ceux avec les orthodoxes“ nous raconte en riant Agmon-Snir. Cette fois encore, un accord a pu être trouvé. La gay pride défile depuis des années à Jérusalem, même si chaque année la question se pose à nouveau de savoir si elle aura lieu ou non, le point positif étant que les parties en cause en discutent maintenant entre elles.
Le Centre ne veut pas d’argent de l’Etat
Le travail du JICC consiste avant tout à former les décideurs. Les différents séminaires proposés enseignent la compétence culturelle ainsi que des méthodes de résolution des conflits. Par ailleurs, plus de 90 adultes apprennent l’arabe dans le Centre. Les activités sont financées, entre autres, par la Jerusalem Foundation. En effet, le Centre ne veut pas d’argent de l’Etat, car cela minerait sa neutralité. Tous sont en tous cas d’accord sur un point : il faudra du temps pour faire de Jérusalem une ville tolérante envers tous ses habitants. Les différends entre les ultraorthodoxes et les non-religieux sont significatifs des tensions régnant au sein de la société israélienne. Toutefois, le JICC ne se laisse pas décourager pour autant. „L’intégration des différentes cultures n’est pas chose aisée, qu’il s’agisse des Arabes ou des Juifs, des Russes ou des Ethiopiens. Chacun craint ce qu’il ne connaît pas. Il en va de même dans toutes les sociétés“ constate Hagai Agmon-Snir. En attendant, il rêve d’un Jérusalem idéal. „Les habitants devraient aimer la ville pour ce qu’elle est. N’est-ce pas formidable de pouvoir, dans la même ville et dans une seule journée, passer du bazar arabe où l’on se croirait à Marrakech, au quartier juif qui rappelle un shtetl ukrainien, visiter de superbes églises et se régaler dans des restaurants éthiopiens ?“. Et, avec de la chance, on termine par le jardin enchanté de ce bastion neutre, de ce lieu où, à Jérusalem, les rêves semblent encore possibles.
La Jerusalem Foundation (JF) a été créée en 1966 par Teddy Kollek. Elle a pour vocation de développer, de promouvoir et de mettre en valeur une société moderne, ouverte, libre et pluraliste à Jérusalem tout en préservant son héritage et son patrimoine culturels. Elle s’adresse aux citoyens de la ville, quelle que soit leur origine sociale ou éthnique et a déjà offert de nombreux centres communautaires, terrains de sport, parcs, terrains de jeux, bibliothèques, théâtres, musées ainsi que des équipements culturels et scientifiques. En outre, l’organisation soutient un grand nombre de jardins d’enfants, de maisons de retraite, d’écoles et de nouveautés dans le domaine éducatif.
A l’heure actuelle, la Jerusalem Foundation participe à la construction d’un centre moderne pour enfants malentendants. En collaboration avec l’organisation „Micha“ – la JF propose le seul centre à Jérusalem permettant le suivi audiologique complet des très jeunes enfants accompagnés de leur famille.
Pour plus d’informations sur la Jerusalem Foundation consulter le site : http://www.jerusalemfoundation.org/de/
Contacts:
Allemagne: Die Jerusalem Foundation Deutschland e.V., Martin-Buber-Str. 12, D-14163 Berlin, Tél. : +49-30-8090 7028, e-mail : jfdberlin@onlinehome.de
Autriche: Die Jerusalem Foundation Österreich, Maria-Theresienstr. 9/5a, A-1090 Wien, tél. : +43-664 911 2286, e-mail : phgkupfer@hotmail.com
Suisse : La Fondation de Jérusalem Suisse, Case postale 9310, CH-8036 Zurich,
Tél. : +41-44-462 0421, e-mail : blumzuerich@bluewin.ch
Autres Informations :
Site du Centre Interculturel de Jérusalem (en anglais)
http://www.jicc.org.il/
Article sur le travail du JICC et de la Jerusalem Foundation, NZZ Online, 15.04.11
http://www.nzz.ch/nachrichten/politik/international/schwierige_koexistenz_in_der_heiligen_stadt_1.10259476.html
Article sur le programme linguistique du JICC pour le personnel médical (en anglais), Haaretz, 04.07.11
http://www.haaretz.com/print-edition/features/to-give-better-care-israeli-doctors-learning-yiddish-and-arabic-1.371232
Article sur le travail du JICC, FAZ Online, 27.02.10
http://www.faz.net/aktuell/politik/ausland/jerusalem-bespuckt-und-gedemuetigt-in-der-heiligen-stadt-1942956.html
Un bastion neutre au milieu des conflits
Le Centre Interculturel de Jérusalem (JICC) sur le Mont Sion souhaite améliorer la vie de tous les habitants de la capitale d’Israël. Qu’il s’agisse de juifs éthiopiens ou ultraorthodoxes, d’homosexuels ou de Palestiniens, tous doivent être encouragés à entamer un dialogue productif. En voulant non seulement promouvoir la coexistence mais aussi trouver des solutions aux multiples conflits qui surgissent périodiquement, le Centre s’est fixé une tâche difficile dans une ville qui semble aussi difficile à gérer que toute une nation.
Texte de Katharina Höftmann
Le bastion de la neutralité de Jérusalem est situé, comment pourrait-il en être autrement, sur une montagne. Derrière la villa patricienne récemment rénovée avec goût se trouve un jardin enchanté d’herbes aromatiques. Une coulisse insolite par son romantisme pour un Centre Interculturel qui lutte, jour après jour, pour résoudre les multiples conflits qu’affronte la ville. Et pourtant, impossible d’imaginer un lieu plus approprié pour le „Jerusalem Intercultural Center (JICC)“ : au centre du Mont Sion, entre églises et couvents et à quelques centaines de mètres à vol d’oiseau du lieu sacré des Juifs, le mur des Lamentations. Le Centre surplombe également le quartier de Silwan, qui, avec ses 70 000 Palestiniens, est pratiquement une ville en soi. Au milieu de la poudrière que semble être la ville si on en croit les journaux et leurs gros titres, un groupe de personnes engagées essaie de faire de Jérusalem une ville meilleure. Sous la houlette de son directeur, le Dr Hagai Agmon-Snir, le JICC veut amener Jérusalem à une véritable compétence interculturelle où les multiples identités ne se résignent pas seulement à cohabiter mais qui, un jour peut-être, consentiront à dialoguer.
„Nous ne sommes pas là pour combattre l’establishment“
De multiples projets doivent transformer ce rêve en réalité. Le plus connu est le training interculturel du personnel médical. Etant donné que la plupart des médecins israéliens ne parlent pas l’arabe, même si les habitants de Jérusalem Est bénéficient des mêmes soins que les autres citoyens israéliens, ils ne comprennent pas grand-chose à leur traitement. „Notre programme ‚Compétence culturelle dans le secteur de la santé’ rencontre un tel succès qu’il va être adapté dans tout le pays par le ministère de la Santé“ nous explique fièrement le directeur du centre, Hagai Agmon-Snir. Ce qui peut sembler simple de prime abord est en fait parfois très difficile. „La situation est extrêmement complexe. Pour la municipalité, Jérusalem n’est pas une ville divisée, mais la population palestinienne considère qu’elle vit sous occupation. Elle ne reconnaît pas la municipalité israélienne et en conséquence cette dernière ne souhaite pas forcément coopérer avec cette population. Nous sommes des médiateurs et tentons de trouver des options pour rapprocher ces deux groupes, sans que cela prenne un caractère officiel et sans aborder les aspects politiques. Nous ne sommes pas là pour combattre l’establishment“ nous explique Agmon-Snir.
Notre principal propos est de gagner la confiance des différents groupes de population. „Ma tâche consiste à permettre aux communes arabes de Jérusalem Est d’assumer davantage de responsabilités face aux problèmes quotidiens. Je leur explique systématiquement que je ne viens pas pour les diriger mais qu’au contraire je suis là comme simple intermédiaire“ nous déclare Ezadeen Alsaad, responsable des projets pour Jérusalem Est. Parfois, il s’agit de choses banales, comme l’enlèvement des ordures ménagères, rendu compliqué par l’étroitesse des rues de Silwan qui empêche les camions de passer, de sorte qu’il faut trouver d’autres solutions. Entre temps, les parties concernées se sont mises d’accord pour que des poubelles supplémentaires soient placées à des endroits accessibles et pour augmenter la fréquence du ramassage.
Le JICC a également dû jouer les médiateurs pour le défilé annuel de la gay pride
Le JICC n’agit pas seulement comme intermédiaire entre la population juive et la population arabe. Depuis le début, il joue également un rôle important dans l’organisation de la gay pride qui déclenche régulièrement des concerts de protestation, notamment chez les ultraorthodoxes, très nombreux à Jérusalem. Le JICC est parvenu à amener à la table des négociations ces deux groupes, aux antipodes l’un de l’autre. „Les orthodoxes avaient vraiment peur de cette rencontre, certains redoutaient même que les homosexuels ne se dévétissent devant eux. Et les homosexuels n’étaient pas rassurés non plus. Chaque groupe craignait et désapprouvait l’autre. Mais nous avions un avantage certain : les conflits entre la communauté homosexuelle de Jérusalem et celle de Tel-Aviv sont plus importants que ceux avec les orthodoxes“ nous raconte en riant Agmon-Snir. Cette fois encore, un accord a pu être trouvé. La gay pride défile depuis des années à Jérusalem, même si chaque année la question se pose à nouveau de savoir si elle aura lieu ou non, le point positif étant que les parties en cause en discutent maintenant entre elles.
Le Centre ne veut pas d’argent de l’Etat
Le travail du JICC consiste avant tout à former les décideurs. Les différents séminaires proposés enseignent la compétence culturelle ainsi que des méthodes de résolution des conflits. Par ailleurs, plus de 90 adultes apprennent l’arabe dans le Centre. Les activités sont financées, entre autres, par la Jerusalem Foundation. En effet, le Centre ne veut pas d’argent de l’Etat, car cela minerait sa neutralité. Tous sont en tous cas d’accord sur un point : il faudra du temps pour faire de Jérusalem une ville tolérante envers tous ses habitants. Les différends entre les ultraorthodoxes et les non-religieux sont significatifs des tensions régnant au sein de la société israélienne. Toutefois, le JICC ne se laisse pas décourager pour autant. „L’intégration des différentes cultures n’est pas chose aisée, qu’il s’agisse des Arabes ou des Juifs, des Russes ou des Ethiopiens. Chacun craint ce qu’il ne connaît pas. Il en va de même dans toutes les sociétés“ constate Hagai Agmon-Snir. En attendant, il rêve d’un Jérusalem idéal. „Les habitants devraient aimer la ville pour ce qu’elle est. N’est-ce pas formidable de pouvoir, dans la même ville et dans une seule journée, passer du bazar arabe où l’on se croirait à Marrakech, au quartier juif qui rappelle un shtetl ukrainien, visiter de superbes églises et se régaler dans des restaurants éthiopiens ?“. Et, avec de la chance, on termine par le jardin enchanté de ce bastion neutre, de ce lieu où, à Jérusalem, les rêves semblent encore possibles.
La Jerusalem Foundation (JF) a été créée en 1966 par Teddy Kollek. Elle a pour vocation de développer, de promouvoir et de mettre en valeur une société moderne, ouverte, libre et pluraliste à Jérusalem tout en préservant son héritage et son patrimoine culturels. Elle s’adresse aux citoyens de la ville, quelle que soit leur origine sociale ou éthnique et a déjà offert de nombreux centres communautaires, terrains de sport, parcs, terrains de jeux, bibliothèques, théâtres, musées ainsi que des équipements culturels et scientifiques. En outre, l’organisation soutient un grand nombre de jardins d’enfants, de maisons de retraite, d’écoles et de nouveautés dans le domaine éducatif.
A l’heure actuelle, la Jerusalem Foundation participe à la construction d’un centre moderne pour enfants malentendants. En collaboration avec l’organisation „Micha“ – la JF propose le seul centre à Jérusalem permettant le suivi audiologique complet des très jeunes enfants accompagnés de leur famille.
Pour plus d’informations sur la Jerusalem Foundation consulter le site : http://www.jerusalemfoundation.org/de/
Contacts:
Allemagne: Die Jerusalem Foundation Deutschland e.V., Martin-Buber-Str. 12, D-14163 Berlin, Tél. : +49-30-8090 7028, e-mail : jfdberlin@onlinehome.de
Autriche: Die Jerusalem Foundation Österreich, Maria-Theresienstr. 9/5a, A-1090 Wien, tél. : +43-664 911 2286, e-mail : phgkupfer@hotmail.com
Suisse : La Fondation de Jérusalem Suisse, Case postale 9310, CH-8036 Zurich,
Tél. : +41-44-462 0421, e-mail : blumzuerich@bluewin.ch
Autres Informations :
Site du Centre Interculturel de Jérusalem (en anglais)
http://www.jicc.org.il/
Article sur le travail du JICC et de la Jerusalem Foundation, NZZ Online, 15.04.11
http://www.nzz.ch/nachrichten/politik/international/schwierige_koexistenz_in_der_heiligen_stadt_1.10259476.html
Article sur le programme linguistique du JICC pour le personnel médical (en anglais), Haaretz, 04.07.11
http://www.haaretz.com/print-edition/features/to-give-better-care-israeli-doctors-learning-yiddish-and-arabic-1.371232
Article sur le travail du JICC, FAZ Online, 27.02.10
http://www.faz.net/aktuell/politik/ausland/jerusalem-bespuckt-und-gedemuetigt-in-der-heiligen-stadt-1942956.html