Magazine sur la vie en Israël

Pas faim vous dites ?

dans Culture & Sports/Entre les Lignes

Aux tous débuts de mon installation à Tel-Aviv je me trouvais un soir avec une amie dans un bar et sirotais un verre de vin. Un groupe de jeunes gens s’installa à côté de nous et commanda une grande assiette de crudités ainsi que différentes autres ‚bricoles‘. Une fois servis, ils se tournèrent vers nous et nous proposèrent de partager. Je les remerciai mais refusai leur offre par ces mots : „C’est très aimable à vous, mais je viens juste de manger“. Le silence qui suivit mes paroles fut tel que non seulement j’entendis la proverbiale mouche voler mais également le clapotis que faisait le sang circulant dans mes veines.

Je ne connais pratiquement pas un peuple qui soit aussi branché sur la nourriture que les Israéliens. Alors qu’à Zurich l’assiette bien remplie de mon déjeuner m’attirait souvent des remarques du style : „ah ah, voilà une jeune femme qui a bon appétit“, on estime à Tel-Aviv que je vais défaillir si je ne prends pas une entrée en plus de mon plat. Et attention, par entrée en Israël on ne parle pas de quatre feuilles de salade qui se battent en duel avec une tranche de tomate anémique, non, mais d’une généreuse portion de gnocchi ou d’un pain maison de la taille de mon avant-bras servi avec de l’huile d’olive, de la tapenade et des olives entières. Et si je réponds : „Merci beaucoup, mais je viens de manger une grosse portion de lentilles accompagnées d’autres légumes, de chips, de tahini et de boire un coca, ce qui m’a totalement rassasiée“, le serveur se fige et j’ai mal au cœur rien qu‘en voyant l’expression horrifiée qui se peint sur son visage.

Refuser de manger en Israël est aussi mal vu que déclarer qu’on n’aime pas les enfants. Quand, vers seize heures, je m’assieds à une terrasse pour boire un café, on me propose en accompagnement toute une liste d’en-cas : „que dirais-tu de goûter notre pain maison (de nouveau avec huile d’olive, tapenade et olives), ou nos boulettes végan de lentilles sur un lit de riz? “ „Non merci, je voudrais juste un café“. „Nous avons également du chou-fleur grillé“ „Non merci, seulement un café“. „Ok, mais si tu changes d’avis, essaie nos boulettes de lentilles, elles sont vraiment délicieuses“. „D’accord, merci“.

En conclusion, je dois à mon bon métabolisme hérité de ma mère, grâces lui soient rendues, d’avoir gardé la ligne en dépit des efforts méritoires des serveurs et de mes amis israéliens.

Ce qui constituerait un vrai repas dans d’autres pays est un simple en-cas en Israël (photo : pexels.com)
Ce qui constituerait un vrai repas dans d’autres pays est un simple en-cas en Israël (photo : pexels.com)

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