par Katharina Hoeftmann
Il ne faut pas se voiler la face, le débat va bien au-delà du pouding. La question est de savoir à quoi ressemblera la vie en Israël dans les mois et les années à venir. La question est aussi de savoir comment faire confiance à des dirigeants qui ont été élus sur la foi de promesses qu’ils ne peuvent pas tenir. Et enfin la question est de savoir quelle action mener si même des manifestations rassemblant plus d’un million de personnes (comme celles de l’été 2011) n’apportent aucun changement.

A l’instar du cottage en 2011, le pudding n‘est que le symptôme d’une maladie bien plus grave. La discussion enflammée sur la question de savoir si on aime sa patrie quand on la quitte et si Berlin, précisément Berlin, est la ville où s’expatrier, passe souvent à côté du problème qui est celui du coût de la vie. De très nombreuses comparaisons effectuées par les media israéliens montrent qu’en Terre Sainte le prix des produits alimentaires est de 20 à 60 pour cent supérieur aux prix moyens dans les pays de l’OCDE et notamment aux prix dans les supermarchés allemands réputés pour leurs tarifs avantageux et soit dit en passant, beaucoup de supermarchés suisses). Mais il n’y a pas que le prix de la nourriture. Les loyers sont également plus élevés que dans de nombreux quartiers de Berlin, la taxe sur les importations de voitures est de 100 pour cent, et même les couches pour bébés – comme j’ai pu le constater lors de mon dernier séjour à Berlin – sont plus chères en Israël qui compte pourtant beaucoup de familles nombreuses. Cette situation s’explique par les taxes exorbitantes, les structures monopolistiques, les restrictions à l’importation et la nécessité d’obtenir le certificat de cashrout, même pour les produits d’entretien. Mais en dépit de la colère qu’éprouvent de nombreux Israéliens quand ils comparent les prix dans leur pays avec ceux pratiqués dans d’autres Etats, il se trouve encore un grand nombre de citoyens qui trouvent que finalement la situation n’est pas si catastrophique que cela. „Il suffit de savoir acheter. Quand il y a une promotion sur les tomates, eh bien j’achète des tomates. Et quand je trouve leur prix trop élevé, je m’en passe“ m’a expliqué ce week-end ma belle-soeur qui, en tant que programmatrice, perçoit un salaire relativement élevé. „Est-ce que nous sommes sous un régime communiste ?“ a rétorqué mon beau-père. Et cela m’a rappelé la RDA, quand mes parents achetaient d’énormes quantités de ketchup parce que tout à coup ce produit était disponible.
Personnellement j’estime que celui qui vit au pays des start-up devrait pouvoir acheter des tomates quand bon lui semble. Cela fait seulement trois ans que la population a manifesté en masse et rien n’a changé. Au contraire, le prix de nombreux produits a encore augmenté en 2013 et les lois en faveur d’une ouverture à la concurrence sur le marché des denrées alimentaires ne sont toujours pas entrées en vigueur. Il paraît que les Israéliens oublient vite car depuis il y a eu deux guerres et les problèmes existentiels ont fait passer à l’arrière-plan les soucis dus à la cherté de la vie. Mais quand un nombre de plus en plus élevé de jeunes gens s’installent à Berlin parce qu’ils ne peuvent (ou ne veulent) plus se permettre de vivre en Israël, le coût de la vie devient un problème existentiel. Je ne puis qu’espérer que nos dirigeants en sont conscients car il n’en va pas du pouding mais de notre avenir.
Autres informations :
Pourquoi la nourriture israélienne est-elle si chère ? (en anglais), TLV1 Radio, 14.10.14
http://tlv1.fm/food/tel-aviv-table/2014/10/14/that-cheese-cost-you-how-much-why-israeli-food-is-so-expensive/
Page Facebook „Olim le Berlin“ (en hébreu)
https://www.facebook.com/pages/עולים-לברלין/1515911991987591?sk=timeline