Les productions des télévisions israéliennes sont très appréciées et font le plein de spectateurs dans différentes parties du monde. Comment s’explique cette remarquable créativité ?
En Israël, on dit des rêveurs qu’ils „vivent dans un film“. D’ailleurs, eu égard à la diversité des programmes proposés par ce petit pays du Proche-Orient, on pourrait effectivement penser qu’Israël est un immense plateau de télévision.
Réalité ou fiction ?
La première saison de la série israélienne „’Hatufim“ (Prisonniers de guerre) et sa bande annonce ont été diffusées un an avant la libération de Gilad Shalit qui était retenu en captivité à Gaza par le ’Hamas. „Lorsque nous avons diffusé la bande annonce, on nous a reproché notre manque de délicatesse“ a expliqué Ran Telem de la société de production Keshet au magazine „New Yorker“. „En effet, les gens auraient pu être induits en erreur et penser qu’il s’agissait d’une information et que Gilad Shalit rentrait chez lui“. Mais en Israël, il n‘est pas rare que la réalité rejoigne la fiction. Un an plus tard, Gilad Shalit fut effectivement libéré et Keshet vendit sa série aux Etats-Unis où, sous le titre de „Homeland“ elle reçut de nombreux prix : Emmy, Golden Globe, etc. A signaler que Gideon Raff a été à la fois le producteur de la série israélienne et de la version américaine.
’Hatufim n’est pas la seule série israélienne connue à l’international. „BeTipoul“ (en traitement) a été vendu non seulement aux Etats-Unis mais également en Serbie et aux Pays-Bas. „Bnei Aruba (les otages) est aussi diffusé en Allemagne et depuis décembre dernier la série „Fauda“ (chaos) est accessible à un large public via Netflix.
Nouveau concept de casting made in Israël
De prime abord, les thèmes semblent se répéter indéfiniment : conflit au Proche-Orient, enlèvements, services secrets. Il n’est guère étonnant vu la situation dans la région qu’Israël propose en la matière les productions les plus crédibles et les plus palpitantes. Mais le pays sait aussi réaliser des émissions légères et distrayantes. En Israël, les téléspectateurs apprécient également en prime les jeunes talents participant à des concours de chant. L’une des principales innovations dans le domaine vient d’ailleurs de Keshet qui a eu l’idée de connecter une application sur smartphone avec un spectacle en direct. En 2013, pour „HaKo’havHaBa“ (la nouvelle star) le public a pu pour la première fois voter avec son portable en temps réel pour son candidat préféré. Peu après, la France, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Indonésie, le Japon, la Chine, le Portugal, le Brésil et la Grèce ont adopté ce concept que l’Allemagne a également acheté pour l’émission „Rising Star“ sur RTL.
Celui qui travaille pour la télévision ou qui s’intéresse à la branche connaît depuis longtemps la créativité d’Israël en la matière. Avec une population d’un peu plus de 8 millions d’habitants, le pays propose plus de 30 chaînes en hébreu, soit une offre télévisuelle proportionnellement supérieure à celle de la plupart des pays.
Savoir prendre des risques pour gagner
„Dans le paysage télévisuel israélien, créativité et goût du risque font bon ménage“ déclare Ana Epstein de Zurich. Elle a travaillé à Tel-Aviv pour la société de production „Armoza“ et sait pourquoi Israël a tant à offrir. „L’industrie de la télévision est encore très jeune en Israël. Pour être le premier à imposer son idée sur le marché, il faut être à la fois rapide et savoir oser“. Par ailleurs, de nombreuses sociétés de production élaborent des concepts dans une optique d’exportation.
Israël est connu comme une terre d’innovations. Le pays des start-up n’est pas seulement un précurseur dans le domaine de la recherche et de la haute technologie mais également dans l’industrie du divertissement. Le non-conformisme et l’esprit d’aventure caractérisent également le secteur télévisuel. Et si une nouvelle émission ne rencontre pas le succès, on ne parle pas d’échec mais d’une étape intermédiaire sur la voie de la réussite.
Cet été, une nouvelle série, „Lihiyot itta“ (être avec elle) vient de gagner ses galons à l’international. Vendue à Amazone Prime Video et accessible dans plus de 200 pays elle raconte l’histoire d’amour entre une star et un simple boulanger. Dans le même temps, de nombreux jeunes talents travaillent sans relâche à de nouveaux concepts qui ne manqueront pas d’amuser, de passionner ou de distraire des millions de téléspectateurs potentiels.
