Israël devient une superpuissance dans le secteur de la technologie alimentaire (foodtech)

dans Economie & Innovation/La Suisse en Israël/Rapport mensuel

« La guerre en Ukraine a prouvé, une fois de plus, à quel point la sécurité alimentaire est importante pour la sécurité nationale. L’industrie de la foodtech, en plein essor en Israël, joue un rôle déterminant pour garantir à tous un avenir prometteur avec une meilleure sécurité alimentaire ». C’est par ces mots que Haïm Gavrieli, PDG de Tnuva, l’un des plus importants fabricants alimentaires d’Israël, a débuté un article paru dans le magazine économique Calcalist.

Haïm Gavrieli a poursuivi en insistant sur le fait que la foodtech est appelée à avoir une importance au moins égale à celle de la cybersécurité. Dans une dizaine d’années, le marché des produits laitiers, de la volaille et des substituts de viande pèsera quelque 140 milliards de dollars et les substituts végétaux de viande ou la viande in vitro représenteront environ la moitié de ce chiffre. D’ores et déjà, Israël est, avec les Etats-Unis, le pays comptant le plus grand nombre de start up financièrement rentables dans le domaine de la foodtech.

Israël se place en seconde position au niveau mondial dans le secteur de la technologie alimentaire

Selon le rapport de Good Food Institute, les start up israéliennes ont récolté durant le premier semestre 2022 un peu plus d’un milliard de shekels (environ 278 millions d’euros, 273 millions CHF), soit une augmentation de 160 pour cent par rapport à l’année précédente. En termes d’investissements, elles se placent donc en deuxième position après les Etats-Unis. Il est toutefois intéressant de noter que ce montant n’a été récolté que par quelques très grosses entreprises.

La start up israélienne Remilk, qui pratique la fermentation microbienne pour la production de protéines sans lait, fait partie de ces entreprises. Elle a bénéficié jusqu’à présent d’investissements à hauteur de 130 millions de dollars et va prochainement lancer au Danemark la construction d’une fabrique qui sera la plus grande au monde. La start up Redefine Meat (viande végétale) a quant à elle pu récolter 135 millions de dollars et envisage la construction d’une usine aux Pays-Bas. La start up Aleph Farms, qui vient de construire une unité de recherche et de fabrication de 6000 mètres carrés dans la ville israélienne de Re’hovot, fait partie des sociétés de foodtech israéliennes les plus importantes et les plus connues.

Manger de la viande sans tuer d’animaux : tel est le postulat de la start up israélienne Redefine Meat (photo : site Internet)

A noter que des start up de moindre envergure jouent également un rôle important. Le gourou de la gastronomie, Uri Buri, est connu avant tout pour son restaurant homonyme et son bel hôtel boutique Efendi à Saint-Jean d’Acre. Toutefois, depuis quelques années, Uri Buri (78 ans) s’intéresse dans une mesure croissante aux aspects technologiques des aliments qu’il utilise. « J’ai toujours été intéressé par toutes les questions tournant autour de la nourriture, comment combiner les ingrédients pour obtenir un maximum de saveur et comment ils sont produits ». En collaboration avec la société Gavan ainsi qu’avec deux autres associés, Uri Buri crée une start up de foodtech qui va exploiter les ressources végétales.

A cette fin, l’entreprise extrait les protéines au moyen d’une technologie qui lui est propre et qui préserve la structure physique et la fonctionnalité des produits, obtenant ainsi non seulement des aliments aux appétissantes couleurs stables mais également des graisses végétales dont la qualité et la saveur sont largement supérieures à celles des graisses animales qui deviennent donc superflues.

Le seul colorant bleu naturel pour produits alimentaires et boissons, résistant à la chaleur et aux acides, est le fruit d’un développement de la société Gavan (photo : site Internet)

Pour David Biegeleisen, responsable du département innovations au sein de l’ambassade de Suisse à Tel-Aviv, le secteur de la foodtech se prête idéalement à des collaborations internationales, notamment entre Israël et la Suisse qui sont deux pays hébergeant de nombreux fabricants de produits alimentaires et disposant d’un fort potentiel sur le plan des innovations.


Foodtech entre Israël et la Suisse

« Les start up israéliennes sont fantastiques pour développer des idées et passer rapidement d’un à cent collaborateurs. Toutefois, pour réussir au niveau global, elles ont besoin de l’aide de grosses entreprises et c’est sur ce point que la Suisse peut aider » explique David Biegeleisen. Maintenant que son équipe a réuni des dizaines d’entreprises suisses et de start up dans le domaine des technologies de la santé, différentes manifestations sont prévues en 2023 en Suisse et en Israël pour des coopérations dans le secteur de la technologie alimentaire.

Dans le cadre d’un projet phare en collaboration avec Innoswiss, des fabricants suisses de produits alimentaires comme Bühler, Nestlé et Givaudan doivent être amenés à s’intéresser aux start up israéliennes dans le domaine de la foodtech. « Nestlé, par exemple, peut installer beaucoup plus de centres de recherche et de développement en Israël et travailler avec plusieurs start up. J’espère vraiment pouvoir annoncer dans les six prochains mois plusieurs coopérations importantes » a déclaré Monsieur Biegeleisen qui précise qu’en tant que société mère du fabricant israélien de produits alimentaires Osem Nestlé a déjà un pied dans le pays. En outre, avec des sociétés d’investissement comme VC Peakbridge et l’incubateur The Kitchen du fabricant israélien de produits alimentaires Strauss on compte déjà des investisseurs dans le pays qui apportent des fonds à des start up en Israël et en Suisse.

Autres informations :
Initiative Swiss Launchpad pour innovations entre Israël et la Suisse
https://swissleanlaunchpad.ch


On compte actuellement en Israël quelque 230 sociétés de foodtech. Bien que l’industrie locale de technologie alimentaire sont moins développée que d’autres secteurs de la haute technologie, sa croissance est rapide et impressionnante. En septembre dernier, l’entrepreneur et investisseur Ere Margalit a ouvert dans le nord d’Israël un centre de foodtech. « Israël va devenir une superpuissance de la foodtech a-t-il déclaré ». Nous avons tout lieu de le croire.

Produits laitiers sans vaches, c‘est ce que promet la start up Remilk qui a tout simplement copié le gène de la protéine du lait de la vache (photo : site Internet)

 

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